Gilbert Thiel, Bernard Swysen et Marco Paulo. Le pouvoir de convaincre. 2012 |
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« La liberté, ce bien qui fait jouir des autres biens », écrivait Montesquieu. Et Tocqueville : « Qui cherche dans la liberté autre chose qu’elle même est fait pour servir ». Qui s’intéresse aujourd’hui à la liberté ? A celle qui ne se confond pas avec le libéralisme économique, dont on mesure combien il peut être source de prospérité mais aussi d’inégalités et de contraintes sociales ? A celle qui fonde le respect de la vie privée et la participation authentique à la vie publique ? La liberté devrait être au cœur de la démocratie et de l’Etat de droit. En même temps, elle ne peut être maintenue et garantie que par la vigilance et l’action des individus. Ils ne sauraient en être simples bénéficiaires ou rentiers, ils doivent non seulement l’exercer mais encore surveiller attentivement ses conditions d’exercice. Tâche d’autant plus nécessaire dans une période où les atteintes qui lui sont portées sont aussi insidieuses que multiples.
lundi 7 mai 2012
La reconstruction du système judiciaire et des libertés publiques
vendredi 4 mai 2012
QPC : le harcèlement sexuel à la recherche d'une définition
mercredi 2 mai 2012
Le CISPA, vers un veto du Président américain ?
C'est que le CISPA fait actuellement l'objet d'une importante mobilisation des associations de défense des libertés sur internet. Avant lui, le SOPA et le PIPA avaient suscité des mouvements identiques et d'ailleurs victorieux, puisque les deux projets avaient été plus ou moins abandonnés. Il s'agissait alors exclusivement de protéger les droits d'auteurs et donc de lutter efficacement contre les piratages et autres téléchargements.
La vie des autres. Florian Henckel von Donnersmarck. 2007. Ulrich Mühe. |
Le CISPA affiche un tout autre objectif. Officiellement, le texte a pour objet de protéger les Etats Unis et les firmes américaines des cyberattaques, finalité dont personne ne conteste le bien-fondé. Elle explique d'ailleurs le soutien apporté au CISPA par les grandes entreprises du secteur, comme Facebook, Microsoft ou Intel.
La loi repose sur un échange d'informations entre les entreprises et les agences gouvernementales, notamment en matière de menaces informatiques. L'étude du texte montre cependant que les entreprises peuvent également se voir demander la transmission d'autres données, non directement liées à la menace d'une cyberattaque, mais dont la communication à l'administration américaine serait justifiée par des motifs de "sécurité nationale".
L'incertitude de la notion permet ainsi la communication de toute une série de données, y compris les échanges personnels des internautes, les téléchargements auxquels ils se livrent, les sites qu'ils consultent. L'inquiétude est d'ailleurs confortée par le fait que l'agence gouvernementale chargée de ces échanges est la National Security Agency (NSA), agence de renseignement, spécialisée dans la collecte et l'exploitation du renseignement électronique et électromagnétique.
Internet et renseignement
Le CISPA autorise ainsi des atteintes à la vie privée dont les internautes, les premiers concernés, ne seront pas même informés. Sous couvert de lutte contre les cyberattaques, il s'agit en réalité d'organiser un réseau global de surveillance du net. D'une certaine manière, l'administration américaine "achète" les entreprises du secteur. On leur offre une surveillance technique, et elles livrent la vie privée et professionnelle des internautes...
Au-delà de ces atteintes aux droits des personnes, le CISPA est porteur d'un danger peut-être encore plus grave. Il intègre en effet le contrôle d'internet dans l'activité la plus officielle des services de renseignement. Certes, personne n'est assez naïf pour penser qu'internet n'est pas déjà surveillé. Mais c'est une chose de surveiller l'activité de certaines officines, ou de certains suspects. C'en est une autre d'organiser un système de surveillance intégré de l'ensemble du réseau.
Face à un texte qui fleure bon son Patriot Act, et qui rappelle les belles heures de la "Guerre contre le terrorisme", il ne reste plus qu'à espérer que le Président Obama mettra sa menace à exécution. Le veto présidentiel est précisément conçu pour empêcher le Congrès de faire n'importe quoi.
dimanche 29 avril 2012
QPC : l'accouchement sous X devant le Conseil constitutionnel
F.A. Schopin. Religieuse recueillant un enfant abandonné. 1854. |
samedi 28 avril 2012
La présomption de légitime défense, qu'est ce que cela veut dire ?
Usage des armes et présomption de légitime défense
Observons d'emblée que les différences dans les règles d'utilisation des armes sont sans influence sur le débat. Les policiers sont soumis au droit commun de l'article 122-5 du code pénal, qui précise que "n'est pas pénalement responsable la personne qui, devant une atteinte injustifiée envers elle-même ou autrui, accomplit, dans le même temps, un acte commandé par la nécessité de la légitime défense d'elle-même ou d'autrui, sauf s'il y a disproportion entre les moyens de défense employés et la gravité de l'atteinte".
Le Pacha. Georges Lautner. 1968. Jean Gabin |
Les gendarmes, quant à eux, doivent respecter l'article L 2338-3 du code de la défense qui autorise "les officiers et sous-officiers à déployer la force armée (...) lorsque les personnes invitées à s'arrêter par des appels répétés "Halte gendarmerie" faits à haute voix cherchent à échapper à leur garde ou à leurs investigations et ne peuvent être contraintes de s'arrêter que par l'usage des armes".
Les policiers demandent depuis bien longtemps de pouvoir, comme les gendarmes, faire usage de leurs armes après sommation. Mais cette revendication n'a rien à voir avec les règles gouvernant la légitime défense, auxquelles les gendarmes sont également soumis.
Conséquences de la réforme
Sur le plan de la procédure, la présomption de légitime défense conduit à faire reposer sur la victime l'initiative de l'action pénale, par le dépôt d'une plainte. En son absence, l'action publique n'aurait pas à être engagée, et le procureur ne serait pas tenu de désigner un juge d'instruction. Cette plainte risque d'ailleurs de ressembler fort à un parcours du combattant. On imagine facilement l'accueil au commissariat de police de celui qui veut précisément porter plainte contre un policier. Et s'il s'adresse directement au procureur de la République, ce qui est son droit le plus strict, il risque le classement sans suite.
Inconventionnalité, inconstitutionnalité