Huit Etats ont récemment voté des textes précisant les conditions d'une identité électorale, mais dix neuf autres n'exigent aucun document des électeurs inscrits sur les listes. Que l'on ne s'y trompe pas cependant, la notion d'identité électorale est utilisée comme un instrument d'exclusion des plus pauvres et des minorités.
C'est ainsi que le Texas a adopté en 2011 une loi exigeant des électeurs qu'ils présentent une pièce d'identité avec photo. Or, la carte d'identité n'est pas obligatoire au Texas. Les plus pauvres n'en possèdent pas, car elle n'est pas gratuite. Les personnes nées à l'étranger, notamment les hispaniques, n'en possèdent pas davantage, car ils ont des difficultés à obtenir les certificats de naissance nécessaires à son établissement. On considère ainsi que 21 % des électeurs noirs et 18 % des hispaniques se verraient ainsi exclus du vote.
La loi texane prévoit cependant que d'autres documents peuvent être utilisés pour justifier de l'identité électorale, dès lors qu'ils comportent une photo. Parmi ceux-ci, figure le port d'armes, mais pas la carte d'étudiant, choix intéressant si l'on considère que les titulaires du premier votent plutôt républicain, alors que les titulaires de la seconde votent largement démocrate.
Heureusement, le Texas fait partie des seize Etats contraints par le Voting Rights Acts de 1965 d'obtenir l'assentiment du Département fédéral de la justice avant tout modification de sa législation électorale. Il s'agissait alors de garantir la mise en oeuvre du XVè Amendement à la Constitution, interdisant de refuser le droit de vote à un citoyen américain pour des motifs raciaux. Le Procureur fédéral a donc rejeté la réforme engagée par le Texas, montrant ainsi que le suffrage universel demeure un combat dans les Etats jadis ségrégationnistes.
Le"Provisional Ballot", instrument de fraude
Cette situation catastrophique a évidemment déjà attiré l'attention des autorités fédérales. Devant le chaos régnant dans les listes électorales, le gouvernement a fait voter le Help America Vote Act en 2002. Ce texte autorise un vote conditionnel, ou plutôt conservatoire (Provisional Ballot). En pratique, lorsqu'une personne estime posséder le droit de vote, mais qu'elle n'apparaît pas sur les listes, ou qu'elle apparaît de manière erronée (erreur dans l'orthographe du nom ou fausse adresse), elle peut néanmoins voter, à titre conservatoire. Son vote sera ensuite validé ou non par une commission spéciale établie au niveau de chaque Etat. Cette commission est composée de magistrats, qui sont élus aux Etats Unis, sur une base largement partisane.
Le "Provisional Ballot" n'a guère amélioré l'exercice du droit de vote. Il a, au contraire, suscité des pratiques d'une totale opacité. Des divergences d'interprétation sont apparues sur les critères susceptibles d'être pris en considération pour procéder à la validation du vote. En Ohio, une commission a récemment proposé de définir avec précision ces critères, mais ses propositions se sont heurtées à une fin de non-recevoir, après la victoire républicaine de 2010. N'est il pas plus simple d'utiliser ce réservoir de votes acceptables ou récusables à volonté pour faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre ? La procédure conçue pour permettre aux exclus de voter est désormais un pur et simple instrument de fraude électorale.
Les Etats Unis sont ils une démocratie ?
Ces tentatives d'exclusion légale ne font que s'ajouter à une exclusion plus profonde, et, il faut le dire, très ancienne. La plupart des études consacrées à cette question, et elles sont fort nombreuses, montrent que la moitié des électeurs potentiels américains ne sont pas inscrits sur les listes électorales. Il s'agit là d'une exclusion sociale, sans doute beaucoup plus grave encore que l'exclusion strictement juridique. Elle révèle en effet une perte de confiance totale dans le système électoral, voire dans le système politique en général. Elle montre aussi que la ségrégation sociale a succédé à la ségrégation juridique.
Sur la scène internationale, les Etats Unis se présentent volontiers comme les champions d'une démocratie qu'ils perçoivent comme un bien d'exportation. Souvenons nous que les interventions en Irak comme en Afghanistan ont été justifiées par la nécessité d'introduire la démocratie dans ces pays. Mais la démocratie n'est pas seulement à usage externe, c'est aussi, l'instrument d'une cohésion sociale. Les Etats Unis sont-ils une démocratie ? La question peut sembler provocante, mais elle mérite d'être posée.
Les USA, une démocratie? Non.
RépondreSupprimerMême les americains ne se reconnaissent pas comme une démocratie. Ils disent souvent que leur pays est une république, pas une démocratie.
Aussi, il n'y a pas de vrai suffrage universel. Les citoyens peuvent voter, oui, mais le vrai pouvoir électoral se trouve entre les mains des "grands électeurs" qui n'ont aucune obligation de voter comme le reste de la population et qui ont la priorité, c'est-à-dire que c'est le choix des grands electeurs qui prime comme on l'a bien vu en 2000 quand George Bush jr a gagner l'élection alors qu'il avait moins de voix que Gore. Donc, les citoyens n'ont pas vraiment le pouvoir électoral.
Donc, les USA, une démocratie? Non!
En plus, les démocrates et les républicains font tout pour monopoliser la scène politique et empêcher les autres petits partis de se présenter ou d'être entendus. Alors qu'il y a normalement d'autres partis politiques, on ne parle généralement pas d'eux dans les médias. Pire, durant la dernière élection présidentielle, il y a eu des bureaux de vote dans lesquels il n'y avait des bulletins de vote que pour les candidats démocrates et républicains et aucun pour les autres candidats d'autres partis.
Les USA, une démocratie? Pas du tout!
Non, les États-Unis d'Amérique ne sont pas une démocratie. Ils le deviendront peut-être le jour où ils accroîtrons la capacité de réflexion politique de tout citoyen, après avoir développé le droit à l'information et à la culture, ainsi que l'enseignement de l'histoire et de la philosophie!.... Alors ils pourront s'attaquer à
RépondreSupprimerla représentativité au sein du système électoral.mais qui le veut vraiment? A l'heure de l'informatique qui induit la vitesse de l'information,il n'est pas exclu qu'un jour la donne change, sous la pression et le sentiment d'inégalité pour la moitié de la population. Vaste ambition qui à moins d'un miracle n'a aucune chance de voir le jour , hélas, avant des décennies. Que les U.S.A. ne se réclament pas autant de leur devoir d'exporter la démocratique dans le monde et fassent preuve d'humilité les grandiraient. Dommage pour l'Hermione et le symbole qu'elle reste encore aujourd'hui. Le mot"Liberty" a droit de citer comme un rêve,seulement un rêve, hélas, à côté de"Freedom"."Business is business!"