« La liberté, ce bien qui fait jouir des autres biens », écrivait Montesquieu. Et Tocqueville : « Qui cherche dans la liberté autre chose qu’elle même est fait pour servir ». Qui s’intéresse aujourd’hui à la liberté ? A celle qui ne se confond pas avec le libéralisme économique, dont on mesure combien il peut être source de prospérité mais aussi d’inégalités et de contraintes sociales ? A celle qui fonde le respect de la vie privée et la participation authentique à la vie publique ? La liberté devrait être au cœur de la démocratie et de l’Etat de droit. En même temps, elle ne peut être maintenue et garantie que par la vigilance et l’action des individus. Ils ne sauraient en être simples bénéficiaires ou rentiers, ils doivent non seulement l’exercer mais encore surveiller attentivement ses conditions d’exercice. Tâche d’autant plus nécessaire dans une période où les atteintes qui lui sont portées sont aussi insidieuses que multiples.


dimanche 11 janvier 2015

Le droit au blasphème

Les attentatss terroristes qui ont frappé notre pays les 7 et 8 janvier 2015 témoignent d'un retour de la barbarie. Barbarie à l'égard de l'Etat et de ceux qui en sont les représentants, au premier rang desquels figurent les membres des forces de police. Barbarie antisémite à l'égard des malheureux clients d'un supermarché casher. Barbarie obscurantiste à l'égard des membres de l'équipe de Charlie Hebdo, journal dont la ligne éditoriale repose, depuis sa fondation, sur l'ironie et la dérision. Charlie Hebdo se moque aussi bien des puissances politiques ou financières que religieuses, dans un rejet libertaire de tous les pouvoirs établis.

Derrière la condamnation massive de ces assassinats apparaissent tout de même certaines nuances, il est vrai très minoritaires. On entend dire que les caricaturistes de Charlie se moquaient un peu trop de la religion, faisant preuve d'"irresponsabilité éditoriale". Les commentaires sur internet mentionnent quelquefois qu' "ils l'avaient bien cherché". On est évidemment tenté d'attribuer ces propos à la bêtise, mais on peut aussi y voir un retour du blasphème, blasphème justifiant, aux yeux de certains, des atteintes à la liberté d'expression. Certains n'hésitent pas à affirmer que Charlie Hebdo publiait "les plus ignobles blasphèmes" et que "le blasphème et le sacrilège n'apportent jamais la paix". Disons-le clairement, ce retour du blasphème témoigne d'un retour des intégrismes religieux, retour qui touche aujourd'hui l'ensemble de notre société.

Le blasphème, négation de la laïcité


Le blasphème, considéré comme une infraction pénale, a pour fonction d'apporter la protection judiciaire de l'Etat à une ou plusieurs religions. A cet égard, son incrimination constitue la négation de la séparation des églises et de l'Etat, la négation aussi du principe de laïcité. C'est la raison pour laquelle il relève aujourd'hui de l'analyse purement historique. Les dernières tentatives pour sanctionner pénalement le blasphème en France remontent à la Restauration, plus précisément sous le règne de Charles X.

Une infraction pénale, sous Charles X


Le projet de loi sur le sacrilège, en 1825, prévoyait la condamnation à mort par décapitation, après avoir eu la main coupée, de tout profanateur, notamment lorsque la profanation touchait des hosties consacrées. Après débats, ce châtiment fut finalement adouci en peine de mort, après amende honorable. La loi se heurtait cependant à l'opposition des doctrinaires qui y voyaient une atteinte intolérable à la séparation du temporel et du spirituel. Lanjuinais affirmait que la loi n'a pas à sanctionner les offenses à Dieu, dont lui seul est juge. Quant à Benjamin Constant, de religion protestante, il refusa de la voter au motif qu'elle établissait des incriminations différentes pour le vol d'un vase sacré vide et celui d'un ciboire contenant des hosties consacrées. Il affirmait que ce texte reposait sur une croyance qu'il ne partageait pas, et qu'il avait le droit de ne pas partager. La loi fut finalement votée mais jamais réellement appliquée et elle disparut avec la Révolution de 1830.

Le projet de loi, ironiquement qualifié "de justice et d'amour" de 1827 visait, quant à lui, à museler la presse, en particulier en cas de propos offensants pour la religion. Concrètement, il s'agissait purement et simplement de soumettre toute publication à l'autorisation préalable du ministre de l'intérieur. Il fut voté, mais tellement modifié par la Chambre des pairs que le gouvernement Villèle décida finalement de retirer le texte.  Ce projet de 1827 constitue la dernière tentative du droit français pour sanctionner juridiquement le blasphème. 

 L'article 11 de la Déclaration de 1789


Depuis cette date, le droit français fait prévaloir l'article 11 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, selon lequel "la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi". En l'espèce, "la loi", c'est celle du 29 juillet 1881 relative à la liberté de presse. Elle pose en principe que chacun dispose de sa liberté d'expression dans les médias, sauf à devoir rendre compte d'éventuels abus réprimés a posteriori par le juge pénal.

Comment concilier ce principe avec, par exemple, la loi Gayssot ? C'est que, en l'occurrence, ce qui est sanctionné, c'est la négation d'un fait, le génocide des juifs d'Europe, attesté par l'histoire. Le blasphème n'est pas de même nature puisqu'il met en cause une croyance, un imaginaire, une espérance dont nul ne peut apporter la preuve. La notion de blasphème relève donc fondamentalement de la théologie et non du droit pénal ou administratif, sauf à en faire l'instrument d'une croyance particulière. Les adeptes de toutes les religions ne sont cependant pas sans moyens juridiques pour obtenir la condamnation de propos tenus dans la presse, ou de certains dessins, s'ils peuvent être qualifiés d'injure au sens de la loi de 1881. 

Depuis une vingtaine d'années, les associations catholiques attaquent systématiquement tous les articles de presse, films, ou livres qu'elles estiment injurieux. Leurs recours ont au moins permis de préciser la jurisprudence.

Personne n'est contraint de lire un livre, ou un journal


D'une manière générale, le juge accepte d'interdire ou de restreindre la diffusion de documents qui s'imposent à la vue de tout le monde et peuvent donc heurter la sensibilité de certains croyants. Tel est le cas, par exemple, de l'affiche du film Ave Maria dont le TGI de Paris a interdit la diffusion par un jugement du 23 octobre 1984. Représentant une jeune femme à la poitrine nue attachée à la croix, cette image a été jugée comme une "publicité tapageuse" diffusée "en des lieux de passage public forcé" et constituant "un acte d'intrusion dans le tréfonds intime des croyances". En revanche, l'affiche de Larry Flynt représentant un homme ayant la position d'un crucifié, les reins drapés du drapeau américain et reposant sur un corps féminin ne donne pas lieu à saisie, le même juge notant, dans une décision du 20 février 1997, que la croix n'est pas représentée, et que les autorités ecclésiastiques ne se sont pas jointes au recours. Observons que cette jurisprudence ne repose pas sur une analyse objective d'une image qui serait considérée blasphématoire par telle ou telle religion. Elle s'appuie sur une perspective subjective de l'atteinte à la sensibilité des personnes qui voient cette image, en quelque sorte malgré elles.

Lorsque le recours porte sur un film ou sur un livre, le juge se montre beaucoup moins sensible à ce type de recours. Il fait observer que si l'on ne veut pas être choqué par le film Je vous salue Marie de Jean-Luc Godard, le mieux est encore de ne pas aller le voir (TGI Paris, ord. réf. 28 janvier 1985). Il en est de même des Versets Sataniques de Salman Rushdie, contestés à leur publication en 1989, et que le juge refuse de sanctionner, au motif que personne n'est contraint de lire ce livre. 

Dans son appréciation de l'injure, la jurisprudence se montre d'ailleurs extrêmement nuancée, faisant prévaloir autant que possible la liberté d'expression. On se souvient que Michel Houellebecq fut ainsi relaxé en 2001 pour avoir affirmé dans la revue Lire : " La religion la plus con, c'est quand même l'Islam". Aux yeux du tribunal, de tels propos visaient l'Islam et non les musulmans eux-mêmes. Il n'y avait donc pas injure, au sens juridique du terme.

Les propos qui "heurtent, choquent ou inquiètent"


Cette jurisprudence libérale trouve un écho dans celle de la Cour européenne des droits de l'homme qui l'a davantage suivie qu'inspirée. Dans son arrêt Otto-Preminger Institut c. Autriche du 20 septembre 1994, celle-ci reconnaît certes un "droit à la jouissance paisible de la liberté de religion", formule qui autorise les Etats membres à poursuivre les injures ou outrages, comme en droit français. La Cour ajoute cependant que les croyants "doivent tolérer et accepter le rejet par autrui de leurs croyances religieuses et même la propagation de doctrines hostiles à leur foi". Bien plus, ils doivent aussi admettre le discours provocateur. La Cour admet en effet que l'article 10 de la Convention, celui-là même qui consacre la liberté d'expression, protège aussi les propos ou les dessins qui "heurtent, choquent ou inquiètent", quel que soit le message considéré (Par exemple : CEDH, 25 juillet 2001, Perna c. Italie). Les dessins de Cabu ou de Wolinski sont donc protégés par l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme. 

Doit-on pour autant en déduire que ceux qui estiment que Charlie allait trop loin ne sont que les derniers représentants d'une société disparue, celle de l'intolérance et de l'obscurantisme ? Certes non, car on perçoit, hélas, certaines évolutions pour le moins inquiétantes. 

Philippe Geluck. Le Chat.

Le retour du blasphème "modernisé"


La première réside dans la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme elle-même. Dans sa décision Wingrove c. Royaume-Uni du 25 novembre 1996, elle admet la survivance d'un délit de blasphème dans le droit britannique, susceptible de justifier le refus d'autoriser l'exploitation d'un film. Dans l'arrêt Murphy c. Irlande du 10 juillet 2003, elle précise que l'Irlande peut aussi conserver une loi sur le blasphème, à la condition d'en réserver l'usage aux seuls croyants de la religion chrétienne.

Le problème réside cependant dans les conséquences de cette absence d'engagement de la Cour. Comment ne pas considérer cette jurisprudence comme à la fois attentatoire à la liberté d'expression et discriminatoire ? Attentatoire à la liberté d'expression, puisque le blasphème peut être poursuivi dans certains Etats membres, notamment ceux dotés d'une religion officielle. Discriminatoire, car les lois concernées, notamment en Irlande, ne s'appliquent qu'à une partie de la population définie par son appartenance religieuse. La survivance juridique du blasphème est ainsi attachée à une vision communautaire de la société. En même temps, la jurisprudence de la Cour européenne n'est pas laïque. Elle repose davantage sur le pluralisme des conceptions étatiques des libertés que sur le principe de laïcité.

Au plan universel enfin, on voit apparaître un mouvement identique. Le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies a voté le 14 octobre 2008 une résolution "relative à la lutte contre la diffamation des religions" invitant les Etats à intégrer dans leur droit positif des dispositions destinées à lutter contre une telle diffamation. Le Conseil admettait que la nécessité de respecter les religions  peut conduire à restreindre la liberté d'expression, définition modernisée du blasphème. A ce propos, il convient d'observer que le texte vise essentiellement l'Islam et que cette résolution est le fruit de demandes formulées régulièrement par l'Organisation de la Conférence islamique. Heureusement, on doit préciser que la France ne l'a pas votée, estimant précisément qu'elle reflétait une conception communautariste de la société et risquait de susciter des atteintes à la liberté d'expression. 

On voit ainsi apparaître un retour du blasphème, au nom du droit au respect des différentes communautés religieuses. Au moment où la France donne, pour une fois, l'image d'une communauté rassemblée autour de valeurs communes qui sont celles de la République, il convient de se méfier de certains apprentis-sorciers. Derrière un discours en apparence libéral prônant le respect de la liberté religieuse, se cache la recherche d'une segmentation communautaire de la société. Derrière ce respect affiché des communautés religieuses se cache finalement le refus de tout discours déviant ou simplement ironique. L'équipe de Charlie l'avait bien compris, et elle prônait, par son insolence même, le droit au blasphème.


17 commentaires:

  1. Nul besoin d'être intégriste pour être blessé par le blasphème. Le blasphème est à la dignité du spirituel ce que le racisme, la misogynie, l’homophobie sont à la dignité humaine. Une négation ontologique. Le blasphème est l'expression d’un athéisme radical qui ne respecte ni la laïcité, ni la fraternité, ni l'égalité, ni la liberté de conscience. Qu'en pensez-vous ?

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    1. Jamais de la vie, les religions sont des idéologies et en tant que telles elles peuvent et DOIVENT être critiquées voire insultées. Affirmer le contraire est un (grand)pas vers la dictature..

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  2. Le respect comme la confiance ne se décrètent pas. de plus les pouvoirs non démocratiques ne doivent pas être autorisés à placer la liberté sous leurs petites affaires: ce serait le renouveau de la barbarie, charia pour tous, soumission. Des blessures on se remet, de la fin de la liberté non.

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  3. "Un athéisme radical qui ne respecte ni la laïcité..."
    Je suis athée (mais je sais ce que c'est que Dieu, ayant eu une éducation religieuse à base d'études bibliques) et rien ne m'est plus cher que la laïcité. Que voulez-vous dire?

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  4. La liberté d 'expression ne doit pas oublier le respect d'autrui, le blaspheme est la suprème insulte pour certaines religions. il ne faudra pas s'étonner si, sous pretexte de cette liberté d'expression, nous plongeons vers un nouveau conflit mondial.

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    1. Vous avez raison, il est débile de, sciemment, froisser autrui. Mais la susceptibilité n'est pas la chose du monde la mieux partagée.
      Un mécréant peut imaginer Mahomet comme un "story teller" qui justifiait ses absences par des histoires propres à fasciner voire aveugler Khadidja, sa très puissante patronne devenue son épouse.
      Blasphème ? Non, si c'est un mécréant qui imagine, mais oui (peut-être) si c'est à un musulman que vient cette idée.

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    2. les religions sont aussi magnifiques que terribles, malheureusement cela depend des interpretations des religieux, malheureusement Le texte en reste toujours barbares.

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  5. Je ne peux résister au plaisir de faire partager aux lecteurs de Liberté Libertés Chéries ce courriel reçu le 18 janvier 2015. Aucun terme n'a été changé et l'orthographe est d'origine.

    Charlie Hebdo et l'obscrurentisme

    Madame,


    Vous confondez la liberté d'expression et l'apologie de la vulgarité.


    Le droit c'est bien connu est la 4ème religion du Livre. On y trouve également des intégristes qui se permettent de croire que le droit de la France est une notion universelle que tous les autres doivent respecter.


    Faites attention votre doigt est coincé dans votre nombril, le centre de votre monde étriqué d'intellectuelle bornée et suffisante qui veut imposé son docte discours.


    Le droit est une chose, la réalité du monde en est une autre, mais plongée dans l'obscurantisme né de votre culture juridique en chambre que vous croyez pour une vérité absolue, vous vous permettez de toiser les autres et de les insulter.


    Je fais partie de cette race de personnes que vous croyez disparue : les personnes qui respectent les autres et qui ne donnent pas à la jeunesse un torchon comme Charlie Hebdo comme modèle et symbole de la liberté d'expression.



    Claude JANSSENS

    Socioprofessionnel et Maître des Métiers

    http://www.janssens-aysavelmark.be/

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  6. Viendra-t-il un jour où reprocher à quelqu'un sa cacographie (syntaxique) sera considéré comme une insulte, sinon un affront à la liberté d'expression ?

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    1. et aujourd'hui que tous ces gens ont enfin compris que c'était à travers Charlie mettre à bas notre société, après ces 130 morts du mois de novembre et ces plus de 200 blessés qui n'avaient offenser personne mais qui vivait tout simplement. Ont-ils seulement compris que Charlie voulait dire liberté où faut-il encore des tueries monstrueuses????

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    2. Monsieur Janssen n'avait rien compris à cette époque, parce que ce n'était pas uniquement Charlie Hebdo que ces monstres voulait anéantir mais notre forme de vie, nous tout simplement. 130 morts et des centaines de blessés pour que Monsieur Janssen comprennent c'est beaucoup beaucoup trop. Certains le savaient, le redoutaient mais lui n'a rien compris. Alors oui moi je suis toujours Charlie et le resterais jusqu'à ma mort.

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    3. Monsieur Janssen n'avait rien compris à cette époque, parce que ce n'était pas uniquement Charlie Hebdo que ces monstres voulait anéantir mais notre forme de vie, nous tout simplement. 130 morts et des centaines de blessés pour que Monsieur Janssen comprennent c'est beaucoup beaucoup trop. Certains le savaient, le redoutaient mais lui n'a rien compris. Alors oui moi je suis toujours Charlie et le resterais jusqu'à ma mort.

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    4. Monsieur Janssen n'avait rien compris à cette époque, parce que ce n'était pas uniquement Charlie Hebdo que ces monstres voulait anéantir mais notre forme de vie, nous tout simplement. 130 morts et des centaines de blessés pour que Monsieur Janssen comprennent c'est beaucoup beaucoup trop. Certains le savaient, le redoutaient mais lui n'a rien compris. Alors oui moi je suis toujours Charlie et le resterais jusqu'à ma mort.

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    5. Il vaut peut-être mieux, dans le mouvement, laisser passer des erreurs de grammaire et de syntaxe que de se croire détentrice de la vérité absolue. L’humilité, vous ne connaissez pas !

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  7. Second courriel adressé par M. Claude JANSSENS

    Madame,

    C’est très bien ainsi, vous avez tout compris sauf de pouvoir faire la
    différence entre la liberté d’expression et proférer des insultes à
    l’égard des autres. A moins que la vulgarité ne soit à vos yeux un des
    phares de la culture française.

    Même si je déplore ce qui c’est passé chez CHARLIE HEBDO, je ne suis pas
    et ne serai jamais CHARLIE.

    Je n’ai jamais apprécié Charlie Hebdo dont les propos et les dessins
    peuvent être considérés comme des insultes gratuites et non fondées. Je
    déplore vraiment que ces personnages d’une grossièreté sans pareil
    puissent devenir un symbole de la liberté d’expression, c’est une
    insulte au savoir-vivre. Il ne s’agit que de personnes dont
    l’inconscience a entraîné dans la mort des innocents dont les noms
    s’évanouiront à jamais dans quelques semaines contrairement aux leurs !

    Je ne remets pas en cause la liberté d’expression, loin de là, mais je
    ne considère pas ces grossiers personnages comme des journalistes. Le
    problème de notre société, c’est que l’on se croit tout permis et ce qui
    est plus grave c’est que l’on croit dur comme fer que c’est normal et
    qu’il s’agit d’un droit. Il y a la manière de dire les choses sans
    tomber dans la vulgarité ! On ne peut symboliser la démocratie et la
    lutte pour la liberté par la vulgarité.

    Comment faut-il interpréter notre inconscience de croire que plus
    personne ne pourrait placer son idéal religieux au dessus des lois de
    nos sociétés alors qu’il suffit simplement de se rappeler qu’au nom du
    droit de grève les syndicats belges ont violés le droit fondamental au
    travail des autres et dont certains militants ont exercé des actes de
    vandalisme voire par le passé brûlé des voitures et frappé violemment un
    curateur.

    Qui peut encore croire qu’une mobilisation générale va apporter le
    moindre changement à une situation donnée ? Avons-nous déjà, par le
    passé, réglé de cette manière le moindre problème ? Les meurtres
    d’enfants et la pédophilie ont-ils disparu avec nos marches blanches et
    autres ? Continuons à marcher et cela ne changera rien ! Avec cet
    humour déplacé que de nombreuses personnes semblent apprécier : ILS VOUS
    ONT BIEN FAIT MARCHER

    Les vraies questions de ce drame, à mon avis, sont les suivantes :
    a) Est-ce que la liberté d’expression accordée à nos médias n’est pas
    complètement à revoir lorsque l’on pense à certains effets d’annonce
    gratuits et/ou à de déplorables dérapages ?
    b) Est-ce que nous avons vraiment les moyens appropriés pour construire
    ensemble une société multiculturelle comme idéal de paix et de
    fraternité ?

    En annexe vous trouverez la première page du Charlie Hebdo qui fut
    interdit en Belgique et qui, si mes souvenirs sont bons, ont été retirés
    des kiosques en France.


    Claude JANSSENS

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  8. Le droit au blasphème n'existe pas; on parle de liberté de blasphémer.

    En effet le "droit à" est un droit de créance, on attend une exécution d'un débiteur. Par exemple le droit au logement, le droit à l'éducation: on veut forcer l’État à s'exécuter.

    A contrario les "droits de" sont des libertés fondamentales, ou si on préfère le terme français (puisque l'expression droit fondamental vient du droit allemand), des droits et libertés. On parle de droit de ou de liberté: liberté d'expression, de réunion, d'association, d'opinion. Et de ces grandes libertés, de ces grands "droits de", on peut en déduire par exemple la liberté de blasphémer.

    Merci de prendre en compte cette correction qui n'a rien d'anodine, et qui décrédibilise totalement le reste de l'article....

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